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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/130

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au poteau de l’échafaud l’infâme Schneider (moine défroqué, ex-président du tribunal révolutionnaire et aussi féroce que Fouquier-Tinville), et domptèrent les ennemis de la république sans verser une goutte de sang. La Convention, sous l’impression de son respect pour le caractère et les antécédents de Lebas, ne donne pas d’abord suite à la demande qu’il fait de sa propre arrestation.

ÉLIE LACOSTE. — « J’appuie l’arrestation de Robespierre le jeune : il est un de ceux qui, hier, aux Jacobins, ont sonné le tocsin contre la Convention. »

DE TOUTES PARTS. — « Aux voix l’arrestation de Robespierre le jeune ! »

(Le président ayant consulté l’Assemblée, l’arrestation de Robespierre le jeune est décrétée.)

FRÉRON. — « Citoyens, en ce jour, la patrie et la liberté vont sortir de leurs ruines. »

ROBESPIERRE l’aîné. — « Misérable ! tu oses… »

VOIX NOMBREUSES. — « À bas ! Tu es décrété d’accusation, tu n’as pas la parole. »

FRÉRON. — « On voulait former un triumvirat, qui eût rappelé les sanglantes proscriptions de Sylla, on voulait s’élever sur les ruines sanglantes de la république ; les hommes coupables de ce forfait sont Robespierre, Saint-Just et Couthon. »

PLUSIEURS VOIX. — « Et Lebas ! »

FRÉRON. — « Couthon est un tigre altéré du sang de la Convention nationale ; il a osé, par passe-temps royal, parler au club des Jacobins de cinq ou six têtes qu’il voulait demander à la Convention. Ce n’était là qu’un commencement, Couthon voulait se faire de nos cadavres autant de degrés pour monter au trône… »

COUTHON, haussant les épaules et montrant ses jambes paralysées. — « Je voulais monter au trône… moi ? »

FRÉRON. — « Je demande donc aussi l’arrestation de Couthon, de Saint-Just et de Lebas. »

COLLOT-d’HERBOIS. — « Je mets aux voix l’arrestation de Couthon, de Saint-Just et de Lebas. »

La Convention… le croira-t-on jamais !… vote aussi l’arrestation de Lebas !… sans même énoncer le motif de l’arrestation de ce grand citoyen, contre qui les plus forcenés terroristes n’avaient pas même élevé un grief.

COLLOT-D’HERBOIS. — « Citoyens, vous venez de sauver la patrie… (Applaudissements prolongés.) La patrie soupirante, et le sein presque déchiré,