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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/132

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s’insurge contre la Convention, et ce malheureux Jean peut être mis hors la loi, si la commune est vaincue !…

— Mon mari fait son devoir, ma mère, l’avenir appartient à Dieu !

Soudain Castillon entre dans le salon en criant : — Bonne nouvelle, citoyennes, bonne nouvelle ! J’ai laissé l’ami Jean installé au conseil général, et il m’envoie vous dire que tout va bien.

— Ah ! mère, tu, entends ?

— Les sections prennent les armes et se rassemblent pour se rendre à la commune avec leurs canons, — ajoute Castillon ; — le club des Jacobins est en permanence.

— Et Robespierre, — demande Charlotte, — où est-il ?

— À la prison du Luxembourg ; son frère est à Saint-Lazare, Saint-Just, à la prison des Écossais ; Couthon, à la Bourse et Lebas, au Châtelet. Au moment où j’ai quitté l’Hôtel de Ville, il s’agissait d’aller les délivrer ; on est partout indigné de la scélératesse de la Convention, qui a décrété d’accusation, sans le moindre motif et sans vouloir les entendre, les meilleurs patriotes de l’Assemblée. Je vous rapporte quelques-unes des affiches que les sections font placarder dans Paris. Soyez tranquilles, citoyennes, la commune sera bien défendue. Écoutez. — Et Castillon lit ce qui suit :

« SECTION DES GRAVILLIERS. — Du 9 de la première décade de thermidor. — Le comité adjure de maintenir la liberté et l’égalité, la république française une et indivisible ; il est à son poste et la défendra au péril de sa vie. Signé, les membres du comité : Clausel, commissaire ; Houdemond, président. » — Et d’une ! — ajoute le contre-maître. — Écoutez encore, citoyennes ! — Et il continue de lire : « SECTION DU FAUBOURG DU NORD. — Le comité révolutionnaire charge Salvage, Constant, André, Hébert, Antin et quatre de ses membres, de se rendre sur-le-champ au conseil général de la commune, y prêter serment de sauver la patrie. ». — Enfin, — ajoute Castillon, — la section de l’Observatoire termine son appel au peuple par ces mots : — « Citoyens, obéissons aux ordres de la commune et d’Henriot ; attelez vos canons et veillez sur la république ! » — Je n’ai pu me procurer que ces placards, — ajoute Castillon, — mais, sauf peut-être les sections aristocrates de Paris, c’est-à-dire quatre ou cinq sur quarante-huit, toutes sont du côté de la commune !

— Tu le vois, ma mère, les sections, c’est-à-dire tout le peuple de Paris, sont en majorité avec la commune ; Jean ne nous abuse donc pas en disant que tout va bien.

— Le ciel t’entende, ma pauvre enfant !