Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/184

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veille. L’orateur est interrompu à chaque instant par des applaudissements, des roulements de tambour et des injures qui s’adressent à la Convention. La force armée paraît en haut de la grande tribune à gauche ; la foule lui crie : — À bas ! à bas ! Elle est obligée de se retirer. Les grenadiers de la gendarmerie paraissent au haut des bancs des représentants du peuple et semblent vouloir former une ligne pour faire évacuer la salle. La foule crie encore : — À bas les armes ! ils sont obligés de se retirer. Le bruit augmente ; le président termine en disant que bientôt on aura du pain. — On crie : La liberté des patriotes. — Une femme, les bras nus, s’agite violemment à la tribune. Les hommes qui occupent le bureau écrivent sur des papiers qu’ils jettent au milieu de la multitude ; on se les arrache pour les lire. On crie : — La liberté des patriotes ! — À bas les coquins ! — L’arrestation des députés ! — L’arrestation de la Convention !

» UN GRAND NOMBRE DE VOIX. — « Vive la montagne ! La liberté des patriotes ! — Vivent les jacobins ! »

» UN HOMME. — « Le peuple vient de vous dénoncer les membres du gouvernement ; il vous demande leur arrestation et de mettre à leur place des hommes purs qui n’aient jamais varié. Je vous demande la liberté des patriotes. L’insurrection est le plus sacré des devoirs ; mais les hommes libres n’en abuseront pas. Nous vous feront un rempart de nos corps. Nous vous demandons la constitution de 93. (Oui ! oui !) Le peuple va quitter cette salle, mais il n’en quittera pas les portes que vous n’ayez décrété ses propositions. »

» ROMME [1]. — « Je demande qu’à l’instant le président mette aux voix la proposition que je fais comme représentant du peuple… c’est de mettre en liberté tous les patriotes. » (Bruyants applaudissements.)

» VERNIER occupe le fauteuil du président. — « Sommes-nous en nombre suffisant pour délibérer ? » (La foule : Oui ! oui !)

» DUROI. — « Je demande la parole pour un amendement. Je propose que le décret soit ainsi rédigé :

« — Que tous les citoyens qui ont été mis en arrestation pour opinions politiques depuis le 9 thermidor, et contre lesquels il n’y a point d’accusation, soient mis en liberté dans toute l’étendue de la république, à la réception du décret. »

» ROMME. — « Pour arriver plus promptement à sauver la patrie, je

  1. L’un des représentants montagnards qui siégeaient à l’Assemblée, ainsi que Vernier, Duroi, Soubrany, Duquesnoy, Bourbotte et Prieur (de la Marne).