Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/272

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m’est inutile. Je ne vous tiens ce langage que parce que je désire que tant de sacrifices ne soient pas perdus. La constitution, les droits du peuple ont été violés plusieurs fois ; et puisqu’il ne nous est plus permis de rendre à cette constitution le respect qu’elle devrait avoir, sauvons au moins les bases sur lesquelles elle repose ; sauvons l’égalité, la liberté ! Trouvons des moyens d’assurer à chaque homme la liberté qui lui est due et que la constitution n’a pas su lui garantir.

HUBERT, à part. — Ceci dit à l’adresse des estimables faubourgs que le général abhorre autant que nous ; il n’importe… c’est adroit.

LE GÉNÉRAL BONAPARTE. — Représentants du peuple, je vous le jure, aussitôt que les dangers qui m’ont fait confier des pouvoirs extraordinaires seront passés, j’abdiquerai ces pouvoirs. Je ne veux être, à l’égard de la magistrature que vous aurez nommée, que le bras qui la soutiendra et fera exécuter ses ordres. (Applaudissements forcenés de la majorité.)

CORNUDET. — Vous venez d’entendre le général, représentants du peuple ! Qui douterait maintenant qu’il y eût une conspiration ? Celui à qui vous avez décerné tant d’honneurs, à qui vous avez tant de fois transmis les expressions de la reconnaissance nationale, celui devant qui l’Europe et l’univers se taisent d’admiration est là ; c’est lui qui vous atteste l’existence de la conspiration : sera-t-il regardé comme un vil imposteur ? Je vous le déclare, j’ai participé à la mesure de translation qui vous a été proposée, parce que j’avais eu connaissance de propositions faites au général Bonaparte.

FARGUES. — Puisqu’on a demandé des preuves, je propose qu’on fasse imprimer à trois exemplaires le discours du général Bonaparte.

VOIX NOMBREUSES. — Adopté ! adopté !

PLUSIEURS MEMBRES DE LA MINORITÉ. — Que le général Bonaparte nomme les conspirateurs ! — Oui, nommez-les ! nommez les !

LE GÉNÉRAL BONAPARTE. — S’il faut s’expliquer tout à fait, s’il faut nommer les hommes, je les nommerai. Je dirai que les directeurs Barras et Moulins m’ont proposé de me mettre à la tête d’un parti tendant à renverser tous les hommes qui ont des idées libérales !

SAVARY. — Moulins vous a proposé de vous unir aux défenseurs de la constitution et de la loi ! Voilà la vérité… Cette proposition honore celui que vous voulez compromettre par vos paroles ambiguës ?

PLUSIEURS VOIX. — Nous demandons que l’assemblée se forme en comité secret. — Appuyé !

AUTRES VOIX. — Non, non ! Que tout soit dit en public.