Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/273

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LAUSSAT. — Je m’oppose à la formation d’un comité secret. Puisque le général Bonaparte vient de vous dénoncer la conspiration et les conspirateurs, il faut que tout soit dit et fait à la face de la France. Nous serions les plus indignes des hommes si nous ne prenions pas en cet instant toutes les mesures qui peuvent sauver la liberté et l’égalité. Général, achevez !

DUFFAU. — Je vois dans l’assemblée beaucoup d’agitation, tandis qu’il ne devrait y avoir que du calme. Ne sommes-nous pas tous Français, tous républicains, tous représentants du peuple ? On parle d’une conspiration ; nous devons la connaître : nous devons en recevoir les détails du général Bonaparte, puisque notre commission des inspecteurs n’a pas voulu nous les donner. Il faut que le général s’explique.

LE PRÉSIDENT LEMERCIER. — Arrêtez ; je ne souffrirai pas que nos collègues ni l’illustre général ici présent soient calomniés. La commission des inspecteurs n’a jamais refusé de donner des détails sur la conspiration ; elle a cru seulement que ce n’était pas encore le moment de les produire.

DUFFAU. — Je demande que le conseil se forme en comité secret pour entendre le général Bonaparte.

PLUSIEURS VOIX. — Non, non ! Qu’il s’explique publiquement ! — Adopté !

LE GÉNÉRAL BONAPARTE. — Je vous le répète, représentants du peuple, la constitution, trois fois violée, n’offre plus de garantie aux citoyens ; elle ne peut entretenir l’harmonie, parce qu’il n’y a plus de diapason ; elle ne peut point sauver la patrie, parce qu’elle n’est respectée de personne !!

MEMBRES DE LA MINORITÉ. — Il ne s’agit pas de cela. — Parlez de la conspiration. — Vous éludez de répondre !

LE GÉNÉRAL BONAPARTE. — Je le répète encore, qu’on ne croie point que je tiens ce langage pour m’emparer du pouvoir après la chute des autorités ; le pouvoir, on me l’a offert depuis mon retour à Paris.

SAVARY. — Qui cela ? qui vous a offert le pouvoir ?

LE GÉNÉRAL BONAPARTE. — Qui cela ?… Les différentes factions sont venues sonner à ma porte, je ne les ai point écoutées, parce que je ne suis d’aucune coterie, parce que je ne suis que du grand parti du peuple français.

MEMBRES DE LA MINORITÉ. — Parlez donc clairement. — Les républicains vous ont proposé de vous ranger parmi les soutiens de la