— Vous êtes son complice. — Vous trahissez l’Assemblée.)
MARTIN. — Nous ne reconnaissons pas le général Bonaparte, il n’a que faire ici.
LE PRÉSIDENT LUCIEN BONAPARTE. — Je n’insisterai pas, mais quand la première effervescence des passions sera calmée… j’espère que…
GRANDMAISON. — Aux voix la mise hors la loi du général Bonaparte !
(Tonnerre d’applaudissements. Presque tous les membres se lèvent aux cris de : vive la république ! )
DELBREL. — J’appuie la proposition de mise-hors la loi de Bonaparte, et je demande à motiver mon opinion.
LE PRÉSIDENT LUCIEN BONAPARTE, avec indignation. — Quoi ! le vainqueur de cent batailles mis hors la loi !
GAUDIN. — Il a terni sa gloire !
MARTIN. — Président ! je te somme de mettre aux voir ma proposition.
LE PRÉSIDENT LUCIEN BONAPARTE, d’une voix éclatante. — Moi !… prononcer le hors la loi contre mon frère !
DELBREL. — Pourquoi pas, s’il mérite la mort ?
GAUDIN. — La mise hors la loi… voilà pour les tyrans !…
(Applaudissements frénétiques, mêlés de cris de vive la république ! )
LE PRÉSIDENT LUCIEN BONAPARTE, d’une voix altérée. — Non… je ne puis croire que la mise hors la loi contre le général Bonaparte soit votée !
DELBREL. — Je demande d’abord qu’il soit à l’instant voté, par assis et par levé, que le conseil des Cinq-Cents se déclare en permanence.
LE PRÉSIDENT LUCIEN BONAPARTE. — Que les citoyens qui sont d’avis de la permanence du conseil se lèvent.
(L’immense majorité de l’assemblée se lève spontanément. Applaudissements prolongés.)
LE PRÉSIDENT LUCIEN BONAPARTE, avec anxiété. — Le conseil des Cinq-Cents est déclaré en permanence.
GAUDIN. — Je demande qu’il soit à l’instant voté, par assis et levé, que le conseil des Cinq-Cents retournera siéger à Paris, au lieu habituel de ses séances. (Appuyé ! appuyé ! )
LE PRÉSIDENT LUCIEN BONAPARTE. — Cette décision est contraire à la notification constitutionnelle du conseil des Anciens, et… (Explosion de murmures.)
MARTIN. — Citoyen président, je te somme de mettre aux voix la proposition…