Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/292

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de la déportation fut commuée en internement en France, pour les députés primitivement déportés par arrêté des consuls (le 24 décembre 1799, nivose an VIII). Peu de temps après les journées de brumaire, la nouvelle constitution, pour ainsi dire fabriquée par le général Bonaparte avec les débris du système de Sieyès appropriés au despotisme fut mise en vigueur. Le premier consul se réservait de fait le pouvoir exécutif sans contrôle sérieux de ses deux collègues, n’ayant que voix consultative. — Le gouvernement se composait : 1° d’un sénat de quatre-vingts membres nommés par les consuls ; 2° d’un tribunat de cent membres et d’un corps législatif de trois cents députés, tous choisis, tribuns et députés, par le sénat, sur une liste de candidats présentée par les électeurs censitaires. C’en était fait des dernières libertés de la France et de l’action souveraine des assemblées nationales, mandataires du peuple. Un dictateur, ayant pour instrument servile un sénat chargé d’élire des législateurs condamnés eux-mêmes au mutisme et à l’impuissance, tels étaient les ressorts fort simplifiés de la dictature consulaire. Bonaparte, ayant autant d’aversion que de dédain pour Sieyès, qu’il traitait d’idéologue, et n’estimant que fort peu la valeur de Roger Ducos, les évinça tous deux du gouvernement et s’adjoignit, comme seconds consuls, Cambacérès et Lebrun. Il confia le ministère des affaires étrangères à Talleyrand et le ministère de la police à Fouché : ces deux prêtres défroqués, qui avaient si activement concouru au succès de la conspiration de brumaire, devaient un jour, providentiel châtiment, être les agents les plus actifs et les plus perfides de la double déchéance de Napoléon, empereur, et le trahir avec un cynisme infâme comme leur vie infâme.

La guerre, aussitôt après le coup d’État de brumaire, fut poussée avec vigueur. Moreau reçut le commandement en chef de l’armée du Rhin, et Bonaparte, le 16 floréal an VIII (6 mai 1800), partit pour se mettre à la tête de l’armée d’Italie. Il remporta, le 25 prairial de la même année, la brillante victoire de Marengo, qui, achevant l’œuvre commencée sous le Directoire, refoula les Autrichiens hors de l’Italie. Les royalistes, voyant le consulat s’affermir sous la main de fer du général Bonaparte, attentent à ses jours le 3 nivose de cette même année. Une machine infernale, placée rue Saint-Nicaise, devait faire sauter le premier consul. Il échappe à ce péril ; et, dans son courroux, il accuse de cette tentative de meurtre le parti républicain, qu’il poursuivait plus que jamais de sa haine invétérée. Grand nombre d’entre eux sont jetés en prison, et les plus influents,