Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/299

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son fils AÎNÉ, né ou à naître, et à ses descendants en ligne directe de mâle en mâle, par ordre de primogéniture. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

» Les actes par lesquels Sa Majesté autoriserait un chef de famille à substituer ses biens libres, ainsi qu’il est dit à l’article précédent, ou permettrait le remplacement en France des dotations des duchés relevant de l’empire, ou autres titres que Sa Majesté érigerait à l’avenir, seront donnés en communication au sénat et transcrits sur ses registres. »

La noblesse, autre iniquité sociale, abolie par la révolution, doublement repoussante au nom de la raison et de l’égalité, fut ainsi solennellement restaurée par Napoléon, toujours fidèle à ce sophisme : — Que c’est avec des hochets que l’on mène les hommes.

PREMIER STATUT IMPÉRIAL

« Napoléon, etc., vu le sénatus-consulte du 14 août 1806, nous avons décrété et décrétons ce qui suit :

» ART Ier. — Les titulaires des grandes dignités de l’empire porteront le titre de prince et d’altesse sérénissime.

» ART. 2 — Les fils aînés des grands dignitaires auront de droit le titre de duc de l’empire, lorsque leur père aura institué en leur faveur un majorat produisant deux cent mille francs de revenu.

» Ce titre et ce majorat seront transmissibles à leur descendance directe et légitime, naturelle ou adoptive, de mâle en mâle, et par ordre de primogéniture.

» ART. 3. — Les grands dignitaires pourront instituer, pour leurs fils aînés ou puînés, des majorats auxquels seront attachés des tires de comte ou de baron, suivant les conditions déterminées ci-après.

» ART. 4. — Nos ministres, les sénateurs, les conseillers d’État à vie, les présidents du Corps législatif, les archevêques, porteront pendant leur vie, le titre de comte.

» Il leur sera, à cet effet, délivré des lettres patentes scellées de notre grand sceau, etc., etc. »

Vous le voyez, fils de Joël, Napoléon Ier s’efforçait de surexciter, par tous les moyens, les vanités les plus misérables, les plus pernicieuses ; il gangrenait la bourgeoisie, où il recrutait sa noblesse improvisée, en donnant à ces bourgeois le ridicule ou les vices de l’ancienne aristocratie, qui, du moins parfois, masquait sa corruption sous un vernis d’élégance et de grâce ; mais presque toujours rien n’était