Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 16.djvu/303

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les hostilités de l’Autriche, se rend à Paris pour y ordonner de nouvelles conscriptions, et se précipite vers l’Allemagne, afin de conjurer de nouveaux périls par de nouvelles victoires ; il gagne en effet les sanglantes batailles d’Eckmuhl, d’Essling et de Wagram, et contraint l’Autriche à demander la paix, le 14 octobre 1809.

Cette paix forcée ne pouvait avoir de suites plus durables que celles des traités de paix conclus précédemment. Trop de sentiments, trop d’intérêts, étaient lésés, blessés par l’omnipotence continentale de Napoléon, et quoique celui-ci, par orgueil de parvenu, eût demandé et obtenu en mariage MARIE-LOUISE, fille de l’empereur d’Autriche, vaincu dans la dernière lutte, cette alliance de souverain à souverain ne diminuait en rien la haine dont l’Allemagne entière était possédée contre l’empire, après s’être montrée jadis si sympathique à la France. Louis Bonaparte, roi de Hollande, afin de prévenir la ruine complète de ses États, essentiellement commerçants, y tolérait l’introduction des marchandises anglaises ; Napoléon, irrité de cette infraction au blocus continental, brise le trône de son frère et déclare les Pays-Bas provinces françaises. Ce dernier acte d’agrandissement territorial excite les alarmes d’ALEXANDRE, jusqu’alors fidèle au traité de Tilsittt ; mais voyant, pour ainsi dire, chaque année, Napoléon reculer les limites démesurées de son immense empire, et cet envahissement approcher de plus en plus des frontières de la Russie et les menacer, le czar se prépare, dès 1811, à la guerre. Cette guerre, Napoléon pouvait la conjurer ; le prestige de sa gloire avait fasciné Alexandre, qui, malgré les instances de la Prusse et de l’Angleterre, s’était refusé d’accéder à une nouvelle coalition contre la France. Il se se décidait qu’à regret à prendre les armes, poussé par les refus de Napoléon de lui donner des garanties de sécurité pour l’avenir des possessions russes. L’insatiable conquérant, l’insatiable batailleur, plein d’une orgueilleuse confiance dans son génie et dans ce que ce fataliste aveugle appelait son étoile, ne put résister à la pensée de combattre et de vaincre la seule puissance européenne qu’il n’eût pas encore envahie, comptant d’ailleurs sur l’appui de la Prusse, de l’Autriche et des princes de la Confédération germanique, unis avec lui contre la Russie par les traités signés le 24 février et le 14 mars, engagements perfides ou illusoires, les souverains de ces États, eussent-ils été disposés à rester fidèles à l’empire (et il n’en était rien), l’opinion publique de leurs peuples, exaspérés contre Napoléon, devait les forcer tôt ou tard de le trahir et de se tourner contre lui, ainsi qu’il en advint. Cependant,