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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/102

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La sorcière thessalienne fut introduite par l’Éthiopien. Son teint était d’un brun cuivré, sa figure hideuse disparaissait à demi sous de longs cheveux gris emmêlés sortant de son capuchon rabattu et noir comme sa robe, que serrait à sa taille une ceinture de cuir rouge où l’on voyait tracés en blanc des caractères magiques, et à laquelle pendait une pochette. La Thessalienne tenait à la main un brin de coudrier.

À l’aspect de cette sorcière, tous les esclaves ont paru troublés, effrayés ; mais Faustine, impassible comme une statue de marbre, dont elle avait la pâleur, est restée accoudée et a dit à la Thessalienne, debout au seuil de la porte :

— Approche… approche… orfraie des enfers !…

— Tu m’as envoyé quérir, — reprit la sorcière en s’approchant ; que veux-tu de moi ?

Sylvest fut frappé de la voix de la sorcière ; cette femme était vieille, et sa voix douce et fraîche.

— Je ne crois pas plus à ta science magique qu’au pouvoir des dieux, dont je me raille, — reprit Faustine, — et pourtant je veux te consulter… Je suis dans un jour de faiblesse.

— La vie ne croit pas à la mort… le soleil ne croit pas à la nuit… — répondit la vieille en hochant la tête. — Et pourtant vient la nuit noire… et pourtant vient la tombe noire… Que veux-tu de moi, noble Faustine ? que veux-tu de moi ?

— Tu as entendu parler du fameux gladiateur… Mont-Liban ?

— Ah ! ah ! — dit la sorcière avec un étrange éclat de rire, — encore lui ! encore cet Hercule au bras de fer, au cœur de tigre !

— Que veux-tu dire ?

— Vois-tu, noble Faustine, sur dix grandes dames qui ont recours à mes charmes magiques, il y en a neuf qui commencent ainsi que toi… en me nommant le fameux gladiateur Mont-Liban (F).

— Je l’aime ! — dit audacieusement Faustine devant ses esclaves, en fronçant ses sourcils, tandis que ses narines s’enflaient, et que