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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/208

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l’entrée du nord, quatre couples par l’entrée du midi. Les premiers montaient des chevaux blancs harnachés de vert ; les seconds, des chevaux noirs harnachés de rouge. Chaque gladiateur à cheval était armé d’une lance légère, d’un bouclier peint et doré ; leur casque de bronze, à visière baissée, seulement ouverte à la hauteur des yeux par deux trous ronds, leur cachait le visage ; un brassard et un gantelet de fer couvraient leur bras droit ; le reste de leur corps était nu, car ils ne portaient que leur tablier de gladiateur, attaché aux hanches par une ceinture d’airain, à laquelle pendait leur longue épée ; des sandales ferrées chaussaient leurs pieds. Ces cavaliers, gladiateurs de profession, étaient libres ; du moins ils se combattaient volontairement, en hommes braves, ainsi que s’étaient souvent battus les aïeux de Sylvest, par seule outre-vaillance, mais non comme de malheureux esclaves forcés de s’entr’égorger sans raison, pour le divertissement de leurs maîtres. Glorieuse et digne est la lutte quand elle est volontaire ! Grâce au faible du Gaulois pour la bravoure, Sylvest et plusieurs de ses compagnons, collés aux barreaux du souterrain, oublièrent leur mort prochaine, intéressés malgré eux à ce valeureux combat, applaudissant de la voix et du geste l’adresse et l’audace. Un grand nombre de ces cavaliers furent tués ainsi que leurs chevaux ; et pas un gladiateur ne quitta l’arène sans blessure. Le combat des gladiateurs à cheval terminé, les cadavres emportés hors de l’arène par les Plutons, et les chevaux morts entraînés par des mules richement carapaçonnées que l’on attelait après eux, il y eut un moment de repos.

Alors de longs rugissements retentirent au fond de la voûte faisant face à celle où se trouvaient les esclaves condamnés, grillée comme la leur, et divisée en trois loges ; bientôt ils virent arriver lentement, et avec de sourds grondements, quatre lions dans l’une des loges, trois tigres dans l’autre, et dans celle du milieu, un éléphant si énorme, que son dos touchait presque au cintre. Ces animaux, un moment éblouis par la vive lumière du cirque, n’approchèrent pas d’abord des barreaux du souterrain ; ils restèrent à demi dans l’ombre, où l’on voyait