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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/292

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LES MYSTÈRES DU PEUPLE.

— Le bœuf le plus paisible finit par se retourner contre l’aiguillon !

— Et quel aiguillon que la faim !

— Oui, — reprit Pierre, — oui, cela a assez duré ; oui, cela n’a que trop duré. Aussi Jésus notre maître a-t-il dit :

« L’esprit du Seigneur s’est reposé sur moi ; c’est pourquoi il m’a consacré par son onction : il m’a envoyé pour prêcher la bonne nouvelle aux pauvres ; pour guérir ceux qui ont le cœur brisé ; pour annoncer aux captifs leur délivrance, aux aveugles le recouvrement de la vue ; pour renvoyer libres ceux qui sont écrasés sous les fers ; pour publier l’année favorable du Seigneur et le jour où il se vengera de ses ennemis[1]. »

Ces paroles du Nazaréen, rapportées par Pierre, excitèrent un nouvel enthousiasme, et Geneviève entendit l’un des deux secrets émissaires des docteurs de la loi et des princes des prêtres dire à son compagnon :

— Cette fois, le Nazaréen ne nous échappera pas ; de pareilles paroles sont par trop séditieuses et furibondes…

Mais une nouvelle et grande rumeur s’entendit bientôt à l’extérieur de la taverne de l’Onagre, et ce ne fut qu’un seul cri répété par tous :

— C’est lui ! c’est lui !…

— C’est notre ami !

— Le voilà, notre Jésus ! le voilà !

  1. Évangile selon saint Luc, ch. IV, v. 17, 19.