Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/294

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— disait-il, — annoncer aux captifs leur délivrance, et renvoyer libres ceux qui étaient sous leurs fers.

Enfin Geneviève l’aperçut.

Le fils de Marie, l’ami des petits enfants, des pauvres mères, des souffrants et des esclaves, était vêtu comme les pauvres Israélites ses compatriotes ; il portait une robe de laine blanche serrée à la taille par une ceinture de cuir où pendait une aumônière ; un manteau carré de couleur bleue se drapait sur ses épaules. Ses longs cheveux, d’un blond doré, tombaient de chaque côté de son pâle visage d’une douceur angélique ; ses lèvres et son menton étaient à demi-ombragés d’une barbe légère, à reflets dorés comme sa chevelure. Son air était cordial et familier ; il serra fraternellement toutes les mains qu’on lui tendait ; plusieurs fois il se baissa pour embrasser quelques enfants déguenillés qui tenaient les pans de sa robe, et, souriant avec bonté, il dit à ceux qui l’entouraient :

« Laissez… laissez venir à moi ces petits enfants ! »

Judas, homme à figure sombre, sournoise, et Simon, autres disciples de Jésus, l’accompagnaient, et portaient chacun un coffret dans lequel le fils de Marie, après avoir interrogé chaque malade et attentivement écouté sa réponse, prit plusieurs médicaments qu’il remit aux infirmes et aux femmes qui venaient consulter sa science, soit pour eux-mêmes, soit pour leurs enfants. Souvent aux avis et aux baumes qu’il distribuait Jésus joignait un don d’argent qu’il tirait de l’aumônière suspendue à sa ceinture ; il puisa tant et si souvent à cette aumônière, qu’y ayant une dernière fois plongé la main, il sourit tristement en trouvant la pochette vide. Aussi, après l’avoir retournée en tous sens, il fit un signe de touchant regret, comme pour avertir qu’il n’avait plus rien à donner. Alors, ceux-là qu’il venait de secourir de ses conseils, de ses baumes et de son argent, le remerciant avec effusion, il leur dit de sa voix douce :

« C’est le Seigneur Dieu, notre père à tous, qui est aux cieux, qu’il faut remercier, et non point moi ; allez en paix. »