Aller au contenu

Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/306

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vous êtes semblables à des sépulcres blanchis ; le dehors paraît beau, mais le dedans est plein d’ossements et de pourriture !…

» Ainsi au dehors vous paraissez justes aux yeux des hommes, et au dedans vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité.

» Malheur à vous, conducteurs aveugles, qui avez grand soin de passer ce que vous buvez de peur d’avaler un moucheron, et qui avalez un chameau !… »

Cette satire familière fit rire plusieurs des assistants, et Banaïas s’écria :

— Oh ! que tu as raison, notre ami ! combien nous en connaissons de ces avaleurs de chameaux !… Mais telle est l’âcreté de leur conscience qu’ils digèrent ces chameaux comme l’autruche digère la pierre, et il n’y paraît rien !…

De nouveaux éclats de rire répondirent à la plaisanterie de Banaïas, et Jésus poursuivit :

« Malheur à vous, pharisiens ! malheur à vous ! qui nettoyez le dehors de la coupe, tandis que le dedans est plein de rapines et d’impuretés !

— C’est vrai ! — reprirent plusieurs voix ; — ces hypocrites nettoient le dehors parce que le dehors seul se voit !…

Le fils de Marie continua :

« Malheur à vous, pharisiens ! qui dites ce qu’il faut faire et ne le faites pas ! Malheur à vous ! qui liez des fardeaux pesants et insupportables, les mettez sur les épaules des hommes, mais ne voulez pas les remuer du bout du doigt, ces pesants fardeaux ! »

Cette nouvelle comparaison familière frappa l’esprit des auditeurs du jeune maître, et plusieurs voix s’écrièrent encore :

— Oui, oui, ces fainéants hypocrites disent aux humbles : — Le travail est saint ; travaillez… travaillez… mais nous, nous ne travaillons pas !

— Oui, portez seuls le fardeau du labeur, nous ne voulons pas, nous autres, y toucher seulement du bout du doigt !…