Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/313

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des alouettes et des bergeronnettes nichées dans des taillis de nopal et de térébinthes, faisaient entendre leurs chants, tandis que quelque cigogne blanche aux pattes rouges s’élevait dans les airs tenant un serpent dans son bec…

Plusieurs pâtres et laboureurs, apprenant par les personnes qui suivaient le Nazaréen qu’il se rendait à la colline de Cédron pour y prêcher la bonne nouvelle, changèrent de route, et, dirigeant leurs troupeaux de ce côté, augmentèrent la foule attachée aux pas du fils de Marie.

Jeane, Aurélie et Geneviève approchaient ainsi du village à demi-caché dans le bois d’oliviers que l’on devait traverser pour arriver à la colline. Soudain, de ce bois, elles virent sortir en tumulte un grand nombre d’hommes et de femmes poussant des cris et des imprécations.

À la tête de ce rassemblement marchaient des docteurs de la loi et des prêtres ; deux de ceux-ci emmenaient une belle jeune femme pieds et bras nus, à peine vêtue d’une tunique : la honte, l’épouvante se peignaient sur son visage baigné de larmes ; ses cheveux épars couvraient ses épaules nues. De temps à autre, demandant grâce à travers ses sanglots, elle se jetait, dans son désespoir, à genoux sur les cailloux du chemin, malgré les efforts des deux prêtres qui, la tenant chacun par un bras et la traînant ainsi dans la poussière, la forçaient bientôt de se relever et de marcher entre eux. La foule accablait de huées, d’imprécations et d’injures cette infortunée, aussi livide, aussi terrifiée qu’une femme que l’on conduit au supplice…

À la vue de ce tumulte, le fils de Marie, surpris, s’arrêta ; ceux qui l’accompagnaient s’arrêtèrent de même et se rangèrent en cercle derrière lui.

Les prêtres et les docteurs de la loi, reconnaissant sans doute le jeune maître de Nazareth, firent signe aux gens du village, de qui les cris et les fureurs redoublaient à chaque instant, de rester à quelques pas. Alors ces gens courroucés, hommes et femmes, ramassèrent de