— Malheur à vous ! car, loin de pardonner le mal, vous accablez de maux des gens sans défense !
— Malheur à vous !… mais bonheur à nous, car le jour de la justice approche… le jeune maître de Nazareth l’a dit.
— Oui, oui, bientôt il y aura pour vous, méchants et oppresseurs, des larmes et des grincements de dents.
— Alors les premiers seront les derniers… et les derniers… les premiers…
Chusa et Grémion, de plus en plus effrayés, se consultaient du regard, ne sachant comment échapper à cette foule menaçante… Les plus irrités commençaient déjà à ramasser de grosses pierres à la voix de Banaïas, qui s’était écrié en remettant son coutelas à sa ceinture et s’armant d’un énorme caillou :
— Notre maître, à nous, pauvres gens, a dit ce matin en parlant de cette pauvre femme que ces pharisiens hypocrites voulaient lapider : Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre… Et moi, mes amis, je vous dis ceci : Que celui qui a été écorché par le fisc jette la première pierre à ces écorcheurs… et qu’elle soit suivie de beaucoup d’autres !…
— Oui, oui, — cria la foule, — qu’ils disparaissent sous un monceau de cailloux !
— Lapidons-les !
— Aux pierres ! aux pierres !…
— Nos époux courent un danger ; c’est une raison de plus pour nous rapprocher d’eux, — avait dit Jeane à Aurélie en redoublant d’efforts afin d’arriver jusqu’aux cavaliers, de plus en plus enveloppés.
Soudain on entendit la voix douce et vibrante du Nazaréen dominer le tumulte et prononcer ces paroles :
« — Je vous dis en vérité, si ces hommes ont péché, ne peuvent-ils pas se repentir d’ici au jour du jugement ? qu’ils ne pèchent plus et aillent en paix !… »