Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/129

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et faisant deux pas en arrière, il a trébuché et est tombé sans mouvement, sans connaissance.

Aussitôt dix coups d’épée me frappèrent à la fois ; mais mon casque et ma cuirasse me préservèrent ; car, dans leur aveugle rage, les chefs franks me portèrent au hasard les premières atteintes en criant :

– À mort !

Riowag, le chef des guerriers noirs, Riowag seul ne chercha pas à venger sur moi le coup que j’avais porté à son rival Néroweg ; il profita du tumulte pour entrer dans la caverne où l’on avait repoussé Elwig ; car les deux chefs, qui, l’épée à la main, gardaient l’issue de cette grotte, étaient accourus au secours de l’Aigle terrible, renversé à quelques pas de là.

Peu d’instants après que Riowag fut entré dans la grotte, la prêtresse et les deux vieilles se précipitèrent hors de leur repaire, les cheveux en désordre, l’air hagard, les mains levées au ciel en s’écriant :

– L’heure est venue… le soleil baisse… la nuit approche… À mort à mort, le Gaulois !… Il a frappé l’Aigle terrible… À mort ! à mort, le Gaulois !… Garrottez-le !… Nous allons lire les augures dans l’eau magique où il va bouillir.

– Oui… à mort ! — crièrent les Franks en se précipitant sur moi, et me chargeant de nouveaux liens. — Qu’il périsse dans un long supplice.

– Les prêtresses du supplice, c’est nous… — s’écrièrent à la fois Elwig et les deux vieilles en redoublant de contorsions bizarres qui semblaient peu à peu frapper les chefs franks d’une terreur superstitieuse.

– Ô toi, qui as frappé mon frère, le sang de mon sang ! — s’écriait Elwig en se tordant les bras, poussant des hurlements affreux, et se jetant sur moi avec une furie feinte ou réelle, je ne savais encore, — les dieux infernaux t’ont livré à moi !… Venez, venez… entraînons-le dans la caverne, — ajouta-t-elle en s’adressant aux deux vieilles ; — il faut le préparer à la mort par les tortures…