Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/143

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Et marchant devant elle, j’ouvris la porte d’une petite chambre, et j’ajoutai en élevant la lampe, afin de lui montrer l’intérieur de ce réduit :

– Tu vois cette couche… repose toi… et que les dieux te rendent paisible la nuit que tu vas passer dans ma demeure !

Elwig ne répondit rien, et se jeta sur le lit en se cachant la figure entre les mains.

– Maintenant, — dis-je en fermant la porte, — ce devoir hospitalier accompli, je brûle d’aller embrasser mon petit Aëlguen.

Je te trouvai, mon enfant, dans ton berceau, dormant d’un paisible sommeil ; je te couvris de mille baisers, dont je sentis d’autant mieux la douceur que j’avais un moment craint de ne te revoir jamais. Ta mère et sa sœur examinèrent et pansèrent mes blessures… elles étaient légères.

Pendant qu’Ellèn et Sampso me donnaient ces soins, je leur parlai de l’homme qui, monté sur le rebord de la fenêtre, m’avait paru examiner sa fermeture. Elles furent très-surprises de mes paroles ; elles n’avaient rien entendu, ayant toutes deux passé la soirée auprès du berceau de mon fils. En causant ainsi, Ellèn me dit :

– Sais-tu, Scanvoch, la nouvelle d’aujourd’hui ?

– Non.

– Tétrik, gouverneur d’Aquitaine et parent de Victoria, est arrivé ce soir… La mère des camps est allée à cheval à sa rencontre… nous l’avons vue passer.

– Et Victorin, — dis-je à ma femme, — accompagnait-il sa mère ?

– Il était à ses côtés… c’est pour cela sans doute que nous ne l’avons pas vu dans la journée.

L’arrivée de Tétrik me donna beaucoup à réfléchir.

Sampso me laissa seul avec Ellèn… la nuit était avancée… je devais, le lendemain, dès l’aube, aller rendre compte à Victoria et à son fils du résultat de mon message auprès des chefs franks.