Le jour venu, je me suis rendu chez Victoria. On arrivait à cette modeste demeure par une ruelle étroite et assez longue, bordée des deux côtés par de hauts retranchements, dépendant des fortifications d’une des portes de Mayence. J’étais à environ vingt pas du logis de la mère des camps, lorsque j’entendis derrière moi ces cris, poussés avec un accent d’effroi :
– Sauvez-vous ! sauvez-vous !…
En me retournant, je vis, non sans crainte, arriver sur moi, avec rapidité, un char à deux roues, attelé de deux chevaux, dont le conducteur n’était plus maître.
Je ne pouvais me jeter ni à droite ni à gauche de cette ruelle étroite, afin de laisser passer ce char, dont les roues touchaient presque de chaque côté les murs; je me trouvais aussi trop loin de l’entrée du logis de Victoria pour espérer de m’y réfugier, si rapide que fût ma course : je devais, avant d’arriver à la porte, être broyé sous les pieds des chevaux… Mon premier mouvement fut donc de leur faire face, d’essayer de les saisir par leur mors et de les arrêter ainsi, malgré ma presque certitude d’être écrasé. Je m’élançai les deux mains en