Tandis qu’un sourire de pitié effleurait les lèvres du fils de Marie à ces accusations mensongères, puisqu’il avait dit : Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu, les pharisiens du tribunal levèrent les mains au ciel comme pour le prendre à témoin de tant d’énormités.
Un des serviteurs de Caïphe, s’avançant à son tour, dit aux juges :
— Je jure avoir entendu cet homme-ci dire, qu’il fallait massacrer tous les pharisiens, piller leurs maisons et violenter leurs femmes et leurs filles !
Un nouveau mouvement d’horreur se manifesta parmi les juges et l’assistance qui leur était dévouée.
— Le pillage ! le massacre ! les violences ! — s’écrièrent les uns, — voilà ce que voulait ce Nazaréen !
— C’est pour cela qu’il traînait toujours après lui sa bande de scélérats.
— Il voulait un jour, à leur tête, mettre Jérusalem à feu, à sac et à sang.
Le prince des prêtres, Caïphe, présidant le tribunal, fit signe à l’un des huissiers de commander le silence ; l’huissier frappa de sa masse les dalles de la salle ; tout le monde se tut, Caïphe s’adressant au jeune maître d’une voix menaçante, lui dit :
— Pourquoi ne répondez-vous pas à ce que ces personnes déposent contre vous[1] ?
Jésus lui dit avec un accent rempli de douceur et de dignité :
— « J’ai parlé publiquement à tout le monde, j’ai toujours enseigné dans le temple et dans la synagogue où tous les Juifs s’assemblent ; je n’ai rien dit en secret… pourquoi donc m’interrogez-vous ? Interrogez ceux qui m’ont entendu, pour savoir ce que je leur ai dit… ceux-là savent ce que j’ai enseigné[2]. »
À peine eut-il parlé de la sorte que Geneviève vit un des huissiers,