Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/236

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— Continuez, Sampso, — lui dit Victoria étouffant un soupir, — continuez…

— Sans m’adresser une parole, Victorin m’a montré l’entrée de la chambre que j’occupais, lorsque je ne partageais pas celle de ma sœur en l’absence de Scanvoch… Dans ma terreur j’ai tout deviné… j’ai crié à Ellèn : « Ma sœur, enferme-toi ! » Puis de toutes mes forces, j’ai appelé au secours… Mes cris ont exaspéré Victorin ; il s’est précipité sur moi et m’a jetée dans ma chambre… Au moment où il m’y enfermait, j’ai vu accourir Ellèn dans le couloir, pâle, épouvantée, demi-nue… J’ai entendu le bruit d’une lutte, les cris déchirants de ma sœur appelant à son aide… et je n’ai plus rien entendu, plus rien… Je ne sais combien de temps s’était passé, lorsque l’on a frappé et appelé au dehors avec force… C’était Scanvoch… J’ai répondu à sa voix du fond de ma chambre, dont je ne pouvais sortir… Au bout de quelques instants ma porte s’est ouverte… et j’ai vu Scanvoch…

— Et toi, — me dit Victoria, — comment es-tu revenu si brusquement ici ?

— À quatre lieues de Mayence, l’on m’a averti qu’un crime se commettait dans ma maison.

— Cet avertissement, qui te l’a donné ?

— Un soldat, mon compagnon de voyage.

— Ce soldat, qui était-il ? — me dit Victoria. — Comment avait-il connaissance de ce crime ?

— Je l’ignore… il a disparu à travers la forêt en me donnant ce sinistre avis… Ce soldat, revenu ici avant moi… ce soldat est le même qui, arrachant ton petit-fils d’entre tes bras, l’a tué à tes pieds…

— Scanvoch, — reprit Victoria en frémissant et portant ses deux mains à son front, — mon fils est mort… je ne veux ni l’accuser ni l’excuser… mais, crois-moi… ce crime cache quelque horrible mystère !…