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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/288

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qu’il nous le faut, et ils consacrent en nous l’autorité la plus souveraine, la plus absolue, dont aient jamais joui un empereur et une impératrice !…

Soudain la voix de Victoria, jusqu’alors calme et contenue, éclata indignée, menaçante :

— Tétrik ! vous me proposez là un pacte sacrilège… tyrannique… infâme !

— Victoria, que signifie ?…

— Hier, je vous croyais insensé… aujourd’hui, que vous m’avez ouvert les profondeurs de votre âme infernale… je vous crois un monstre d’ambition et de scélératesse !…

— Moi ! grand Dieu !

— Vous !… Oh ! à cette heure le passé éclaire pour moi le présent, et le présent l’avenir… Béni soyez-vous, ô Hésus !… Je n’étais pas seule à entendre cet effrayant complot !…

— Que dites-vous ?

— Vous m’avez inspiré, ô Hésus ! et j’ai voulu avoir un témoin caché, qui affirmerait au besoin la réalité de ce projet monstrueux… car ma parole elle-même… non, la parole de Victoria ne serait pas crue si elle dévoilait tant d’horreurs !… Viens, mon frère… viens, Scanvoch !…

À cet appel de Victoria, je m’écriai :

— Ma sœur… je ne dis plus comme autrefois : Je soupçonne cet homme !… je dis j’accuse le criminel !

— Ce n’est pas d’aujourd’hui que vous m’accusez, Scanvoch, — reprit Tétrik avec un impérieux dédain, — ce n’est pas d’aujourd’hui que ces folles accusations sont tombées devant mon mépris…

— Je te soupçonnais autrefois, Tétrik, — lui dis-je, — d’avoir, par tes machinations ténébreuses, amené la mort de Victorin et celle de son fils au berceau… Aujourd’hui, moi, Scanvoch, je t’accuse de cette horrible trame !…