Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/326

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— Ma chère fille, ne tremblez pas ainsi pour votre fils, ni toi non plus pour ton frère, ma douce Roselyk… Peut-être vaut-il mieux ne point braver les lutins et les fées en une nuit de tempête, mais vos craintes sont vaines… D’abord ce n’est pas un loup qui rôde au dehors ; il y a longtemps que le vieux Erer mordrait les ais de la porte pour aller recevoir ce mauvais hôte…

— Mon père a raison… c’est peut-être un étranger égaré.

— Viens, Kervan, viens, mon frère, allons à la porte de la cour voir ce que c’est…

— Mon fils, restez près de moi…

— Mais, ma mère, je ne peux laisser mon frère Kervan aller seul.

— Écoutez… écoutez… il me semble entendre, au milieu du vent, une voix appeler… ou crier…

— Hélas ! ma bonne mère, un malheur menace notre maison… vous l’avez dit…

— Roselyk, mon enfant, n’augmente pas ainsi la frayeur de ta mère… Qu’y a-t-il d’étonnant à ce qu’un voyageur appelle du dehors pour qu’on lui ouvre la porte…

— Ces cris n’ont rien d’humain… je me sens glacée de frayeur…

— Viens avec moi, Kervan, puisque ta mère veut garder Karadeuk auprès d’elle… Quoique le pays soit tranquille, donne-moi mon pèn-bas, et prends le tien, mon garçon.

— Mon mari, mon fils, je vous en conjure, ne sortez pas !

— Chère femme… Et si un étranger est au dehors par un temps pareil ?… viens, Kervan…

— Hélas ! je vous le dis… les cris que j’ai entendus n’avaient rien d’humain… Kervan ! Jocelyn !… Ils ne m’écoutent pas… les voilà partis… hélas !… hélas !…

— Mon père et mon frère vont au danger, s’il y en a, et moi je reste ici…