Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 4.djvu/176

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voix de ton serviteur indigne, l’évêque Cautin, est montée jusqu’à toi… jusqu’à toi, qui, grâce à un ineffable miracle, as dernièrement permis à ton oint de contempler ta face éblouissante au milieu de tes séraphins et de tes anges et archanges !…

Le prélat dit encore beaucoup d’admirables choses, mesurant et graduant ses actions de grâces et de merci sur l’apaisement progressif de l’orage, de même qu’à son approche il avait gradué ses paroles menaçantes ; aussi l’habile homme termina-t-il son discours aux sourds roulements d’un tonnerre lointain : derniers grondements, disait-il, de la voix courroucée de l’Éternel enfin calmé dans sa colère… Après quoi, le ciel s’éclaircit, les nuages se dissipèrent, le soleil de juin rayonna de tout son éclat, et la truste royale, aussi rassérénée que le ciel, se mit en marche vers le burg, chantant à pleine poitrine :

« — Gloire ! gloire éternelle au Seigneur !…

» — Gloire ! gloire à notre bienheureux évêque !…

» — Il a détourné de nous, par un miracle, le feu du ciel…

» — L’impie a courbé son front rebelle…

» — Gloire ! gloire au Seigneur !… »




Pendant que les esclaves de Chram conduisaient les chevaux à l’écurie, que d’autres plaçaient, sous une vaste grange à demi remplie de fourrage, les chariots et les bâts, encore chargés de leurs fardeaux, ses leudes buvaient et mangeaient en hommes qui voyagent depuis l’aube. Chram ayant, ainsi que ses favoris, fait honneur au repas du comte, lui dit :

— Mène-moi dans un endroit où nous puissions parler en secret. Tu dois avoir une chambre où tu gardes tes trésors ? allons-y…

Neroweg se gratta l’oreille sans répondre ; se souciant peu sans