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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 4.djvu/246

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battu contre ton aïeul. Ce fut, vois-tu, une lutte acharnée, non-seulement un combat de soldat à soldat, mais un combat de deux races fatalement ennemies ! Scanvoch pressentait que la descendance de Neroweg serait funeste à la nôtre, et il voulait pour cela le tuer… Le sort des armes en a autrement décidé. Les pressentiments de mon aïeul ne l’ont pas trompé… Voici la seconde fois que nos deux familles se rencontrent à travers les âges… Tu as fait torturer mes deux fils ; tu devais aujourd’hui les livrer au supplice…

— Assez, chien !… Et pour empêcher ma noble race de mettre, dans l’avenir, le pied sur la gorge à ta race asservie, tu veux me tuer ?

— Je veux te tuer… Ton frère a péri de ta main fratricide ; ta famille sera éteinte en toi !…

Un éclair de joie sinistre illumina les yeux du Frank ; il répondit :

— Tue-moi…

— Ôtez-lui ses liens…

— C’est fait, Karadeuk ; mais nous le tenons, et nos mains valent les liens qui le garrottaient.

— Je propose, moi, qu’il soit, avant sa mort, mis à la torture, ainsi qu’il nous y faisait mettre au burg, nous autres esclaves…


— Oui, oui… à la torture ! à la torture !…

— Et après, coupé en quatre quartiers.

— Haché à coups de hache !

— Mes Vagres ! cet homme est à moi… c’est ma part du butin !

— Il est à toi, vieux Karadeuk…

— Laissez-le libre.

— Tu le veux ?

— Laissez-le libre ; mais formez autour de lui un cercle qu’il ne puisse franchir…

— Voici un cercle de pointes d’épées, de fer, de piques et de tranchants de faux qu’il ne franchira pas…

— Un prêtre ! — s’écria soudain le comte avec un accent d’an-