Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 4.djvu/299

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à l’exercice des armes, puisque nous vivons dans un temps où il faut souvent repousser la force par la force, et défendre sa vie et celle des siens contre la violence. Ainsi, à nos yeux, celui qui après le travail se récrée honnêtement, est aussi méritant que celui qui emploie ses loisirs à prier… Les fainéants seuls sont des impies !… »

Loysik était si généralement vénéré, la communauté si heureuse, que les prêtres étrangers ne parvinrent pas à troubler ce bon accord ; puis enfin Loysik possédait le sol et les bâtiments du monastère en vertu d’une charte authentique concédée par Clotaire. Les prélats de Châlons se voyaient forcés, malgré leur habitude d’envahissement, de respecter les droits de Loysik, tâchant d’arriver à leurs fins par des moyens astucieux.

C’était donc fête, ce jour-là, dans la colonie et dans la communauté de Charolles. Les moines laboureurs songeaient à recevoir de leur mieux leurs amis de la vallée qui venaient, selon l’usage adopté depuis un demi-siècle, remercier Loysik de l’heureuse vie que lui devait cette descendance de Vagres, braves diables convertis par la parole du moine laboureur. Une fois seulement chaque année était enfreinte la règle qui, librement consentie par la communauté, interdisait aux femmes l’entrée du monastère. Les moines préparaient donc de longues tables partout où elles pouvaient tenir : dans le réfectoire, dans les salles où ils travaillaient à différents métiers manuels, sous les galeries couvertes dont était entourée la cour intérieure, et jusque dans cette cour elle-même, abritée, pour cette solennité, au moyen de pièces de lin tendues sur des cordes, enfin l’on voyait des tables jusque dans la salle d’armes. Quoi ! un arsenal dans un monastère ?… Oui, là avaient été déposées les armes des Vagres fondateurs de la colonie et de la communauté. Or, de cette mesure conseillée par Loysik, moines, laboureurs et colons s’étaient bien trouvés lors de l’attaque de la vallée par les troupes de Chram… Quoiqu’une pareille occurrence ne se fût point renouvelée depuis,