Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 4.djvu/46

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— C’est toi, Ronan ?

— Moi et les miens… Marche, Simon, bon serviteur de la villa épiscopale… marche, Simon, nous te suivons…

— Il faut attendre.

— Pourquoi ?

— Le comte Neroweg est encore chez l’évêque avec ses leudes.

— Tant mieux… un renard et un sanglier, la chasse sera belle !

— Le comte a dans la villa vingt-cinq leudes bien armés.

— Nous sommes trente… c’est quinze Vagres de trop pour une telle attaque… Marche, Simon, nous te suivons.

— Le passage n’est pas encore libre.

— Pas libre ? ce passage souterrain qui conduit d’ici dans la salle du festin ?…

— L’évêque a fait préparer ce soir un miracle pour effrayer le comte Frank et lui faire peur de l’enfer. Deux clercs ont apporté, sous la salle du festin, des bottes de paille, des fagots et du soufre… Ils doivent ensuite y mettre le feu en poussant des cris endiablés et souterrains… Après quoi, une des dalles de la mosaïque s’abaissera sous le sol, par un contrepoids, comme autrefois elle s’abaissait lorsqu’on voulait passer par le souterrain qui conduit à ces thermes.

— Et le Frank stupide, croyant voir béante une des bouches de l’enfer, fera au saint homme une donation jusqu’ici refusée ?

— Tu as deviné, Ronan ; il faut donc attendre que le miracle soit joué ; le comte parti, la villa silencieuse, toi et les tiens, vous vous y introduirez.

— À moi l’évêchesse !

— À nous le coffre fort, les vases d’or et d’argent ! à nous les sacs gonflés de monnaie… et largesse, largesse au pauvre monde qui n’a pas un denier !

— À nous le cellier, les outres pleines, les sacs de blé… à nous les jambons, les viandes fumées ! Largesse, largesse au pauvre monde qui a faim !…