Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 5.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oh ! bon père ! comment faire ? — reprit Septimine en joignant les mains. — Personne ne peut entrer dans ce bâtiment au-dessous duquel est enfermé le seigneur Berthoald…

— Nomme-le Amael, mon enfant, — reprit Rosen-Aër avec amertume. — Ce nom de Berthoald me rappelle sans cesse une honte que je voudrais oublier…

— Tirer Amael de ce souterrain n’est point chose impossible, — reprit l’orfévre en hochant la tête. — J’ai réfléchi là-dessus tout à l’heure, et nous avons, je crois, quelques chances de succès.

— Mais, bon père, — dit Rosen-Aër, — et les barreaux de la fenêtre de cet atelier ? ceux du soupirail de la cave où est enfermé mon fils ? enfin ce large et profond fossé ! que d’obstacles !

— Ces obstacles ne sont pas les plus difficiles à surmonter. Supposons la nuit venue, Amael délivré nous a rejoint, que faire ?

— Quitter l’abbaye, — dit Septimine ; — fuir tous…

— Et par quel moyen, mon enfant ? Ignores-tu qu’à la chute du jour la porte de la jetée est fermée ? Le gardien veille ; puis, eût-on franchi cette porte, l’inondation couvre la chaussée ; il faudra deux ou trois jours pour que les eaux se soient retirées tout à fait ; d’ici là, cette abbaye restera environnée d’eau comme une île.

— Maître Bonaïk, — reprit un des jeunes apprentis, — et les bateaux de pêche ?

— Où sont-ils amarrés d’ordinaire, mon garçon ?

— Du côté de la chapelle.

— Il faudrait donc, pour y arriver, traverser la cour intérieure du cloître, et la porte est chaque soir verrouillée intérieurement !

— Hélas ! — dit Rosen-Aër, — faut-il renoncer à tout espoir ?

— Jamais il ne faut désespérer. Occupons-nous d’abord d’Amael. Quoi qu’il lui arrive, une fois hors du souterrain, son sort ne pourra guère empirer. Maintenant, mes enfants, un dernier mot, — ajouta l’orfévre en s’adressant aux apprentis. — Ce que nous allons tenter est grave ; il y va de votre vie et de la nôtre… Vous n’avez pas à