Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 5.djvu/74

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homme à longue barbe blanche, vêtu d’un froc brun à capuchon, et monté sur une mule, suit la route par laquelle Brunehaut, accompagnée de son escorte et de la foule, est arrivée au village. Cet homme est Loysik ; il a échappé à la mort que lui destinait Brunehaut, oublié par cette reine lorsqu’elle fut obligée de quitter précipitamment Châlons pour marcher à la tête de son armée à la rencontre de Clotaire II ; un des jeunes frères de la communauté accompagne à pied le vieux moine et guide sa mule par la bride. Venant à la rencontre du moine, un guerrier, armé de toutes pièces, gravissait au pas de son cheval la route ardue que Loysik descendait au pas de sa mule. Lorsque ce Frank fut à quelques pas du vieillard, celui-ci lui dit : — Vous êtes de la suite du roi Clotaire ?

— Oui, saint patron.

— Est-il encore dans le village de Ryonne ?

— Jusqu’à ce soir.. Je vais faire préparer ses logements sur la route.

— Le duk Roccon n’est-il pas parmi les seigneurs qui accompagnent le roi ?

— Oui… Tu le connais ?

— Je le connais… la reine Brunehaut a été, dit-on, menée prisonnière au roi Clotaire, qui s’est aussi emparé de ses petits-fils.

— C’est une vieille nouvelle… D’où viens-tu donc ?

— Je viens de Châlons, où j’ai appris ces choses par des gens arrivant de l’armée… Qu’est-ce que le roi a fait de sa prisonnière et des enfants ?

— Mon cheval a besoin de souffler, après la rude montée de cette côte… Je peux te répondre, saint patron, d’autant mieux qu’il est, dit-on, d’un bon présage d’avoir rencontré un prêtre au commencement de sa route.

— Réponds-moi, je te prie ; qu’a-t-on fait de Brunehaut et de ses quatre petits-fils ?

— D’abord, il n’y a eu que trois enfants de pris sur les bords de