Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 6.djvu/185

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famille de race franque du nom de Neroweg, établie en Gaule depuis la conquête de Clovis, s’était parfois rencontrée à travers les âges, et pour notre malheur, avec notre famille, à nous, fils de Joel. Puisse cette nouvelle rencontre avec un Neroweg n’être funeste ni à moi ni aux miens !... Et pourquoi, d’ailleurs, cette rencontre me serait-elle funeste ? Je suis d’un caractère résigné, craintif et soumis ; ma condition est d’être serf ; je l’accepte sans murmure, me conformant en cela aux ordres de l’Église ; je ferai de mon mieux pour contenter le seigneur Neroweg IV. Quel mal pourrait-il me vouloir à moi ou à ma famille ? Cependant, j’éprouve malgré moi une crainte vague au sujet de ma rencontre avec ce seigneur ; aussi moi, Den-Braô, fils d’Yvon-le-Forestier, j’écris ici ces lignes. — Fasse le ciel que l’avenir ne réalise pas mes craintes ! Fasse le ciel, mon cher fils Nominoé, que tu n’aies à enregistrer sur ce parchemin que la date de ma mort, avec ces seuls mots : « — Mon père Den-Braô a terminé paisiblement sa laborieuse vie de serf artisan maçon. »