Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 7.djvu/105

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fonda l’église collégiale de Saint-Pierre dans cette ville, et plus tard Brunehaut s’y bâtit un palais. Un évêque de Laon, Adalberon, amant de la reine Imma, fut son complice dans l’empoisonnement de Lother, père de Ludwig-le-Fainéant, exemple homicide, bientôt imité par la reine Blanche, autre adultère empoisonneuse, qui, par ce meurtre, assura l’usurpation de Hugh-le-Chappet, au détriment du dernier roi Karolingien. Cependant Karl, duk de Lorraine (oncle de Ludwig-le-Fainéant), devenu, par la mort de ce prince, l’héritier de la couronne des rois francs, s’empara de Laon. Hugh-le-Chappet vint l’assiéger, et, après plusieurs attaques, se rendit maître de cette ville, grâce aux intelligences qu’Adalberon, l’évêque adultère et empoisonneur, avait conservées dans la place. Laon, depuis ce temps, continua d’être une seigneurie ecclésiastique souveraine, reconnaissant toutefois la suzeraineté du roi des Français : en l’an 1112, époque de ce récit, le roi se nommait Louis-le-Gros. Aussi obèse, mais beaucoup moins indolent que son père, le gros Philippe Ier, l’amant excommunié de la belle Berthrade (mort en 1108), ne se résignant pas comme lui aux dédains et aux empiétements des seigneurs féodaux, Louis-le-Gros les guerroyait à outrance, afin d’augmenter son domaine royal de leurs dépouilles ; car il ne possédait en souveraineté que Paris, Melun, Compiègne, Étampes, Orléans, Montlhéry, le Puiset et Corbeil, de sorte qu’au fléau des guerres privées des seigneurs entre eux se joignaient les désastres des guerres du roi contre les seigneurs, et des Normands contre le roi. Les Normands, ces descendants du vieux Rolf le pirate, avaient conquis l’Angleterre sous les ordres de leur duk Guillaume ; mais, quoique établis dans ce pays d’outre mer, les rois d’Angleterre conservaient en Gaule le duché de Normandie, Gisors, et de là, dominant le Vexin presque jusqu’à Paris, bataillaient sans cesse contre Louis-le-Gros. La Gaule continuait d’être ainsi ravagée par des luttes sanglantes ; et quelle était la constante victime de ces désastres ? le populaire, serf ou vilain. Aussi la pauvre plèbe des champs, décimée par l’exécrable entraîne-