Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 7.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

poursuite, l’on voit trotter les ribaudes, courir les boiteux ! (Il chante en dansant.)


« Robin m’aime, Robin m’a !
» Robin me demande, il m’aura !
» Robin m’acheta une cotte
» D’écarlate bonne et belotte.
» Robin m’aime, Robin m’a ! »

(Peau-d’Oie, sautant et chantant, suit Mylio, qui prend à travers les arbres un sentier conduisant au moulin de Chaillot.)




Après l’escarboucle étincelante, l’humble violette cachée sous la mousse, vous avez assisté, fils de Joel, au divertissement libertin des nobles dames réunies dans le verger de la marquise d’Ariol ; oubliez les arbres rares, les fleurs cultivées avec soin, les bassins de marbre ; oubliez ces magnificences pour le spectacle agreste qui s’offre à vos yeux ; voyez : la lune s’est levée dans l’azur du ciel étoilé, elle éclaire de ses rayons une saulaie ombreuse, sous laquelle coule et murmure un ruisseau formé par le trop plein des eaux retenues pour le service du moulin de Chaillot ; le murmure de cette onde courant et bruissant sur un lit de cailloux, puis, de temps à autre, le chant mélodieux du rossignol, sont l’harmonie de cette belle nuit, embaumée par le parfum du thym sauvage, des iris et des genêts. Une enfant de quinze ans, c’est Florette, est assise au bord du ruisseau, sur le tronc renversé d’un vieux saule ; un rayon de la lune, perçant la voûte ombreuse, éclaire à demi la figure de la gentille enfant : ses longs cheveux châtains, séparés sur son front virginal, tressés en deux longues nattes, traînent jusque sur le gazon ; pour tout vêtement elle porte une vieille jupe de serge verte par-dessus sa chemise de grosse toile grise, fermée à la naissance de son sein virginal par un bouton de cuivre ; ses jolis bras sont nus comme ses jambes et