Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 7.djvu/259

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Foulques de Bercy, surpris de voir le trouvère soudainement armé, reste un moment perplexe : un chevalier peut tuer un vilain sans défense ; mais croiser le fer avec lui, c’est une honte.

Mylio. — Quoi ! Foulques, tu as peur ! Va, ton fils sera plus vaillant que toi ; il aura du sang gaulois dans les veines !

Foulques de Bercy, poussant un cri de rage et attaquant le trouvère avec fureur. — Tu en as menti par ta gorge, chien !… ma femme est chaste !

Mylio, se défendant et toujours raillant. — Certes, Emmeline est chaste, aussi vrai qu’elle a un petit signe noir au bas de l’épaule gauche ; j’en atteste dom César de Rabastens, son premier bel ami, que je vois là-bas !

Foulques de Bercy, redoublant l’impétuosité de ses attaques. — Mort et furie ! j’aurai ta vie !

Mylio, se défendant et toujours raillant. — De quoi te plains-tu ? J’avais prié ta femme d’amour, son refus devait causer mon trépas… elle m’a cédé de peur d’être homicide, selon l’arrêt que tout à l’heure encore tu as doctement confirmé, mon noble juge !

Peau-d’oie, toujours retranché derrière le trouvère. — Corbœuf ! retiens donc ta langue… Il n’y aura pour nous ni merci, ni pitié… Tu vas nous faire écorcher vifs !

Foulques de Bercy, combattant toujours avec fureur, mais sans pouvoir atteindre Mylio. — Sang du Christ ! ce vil manant se sert de son épée comme un chevalier !

(Le combat continue pendant quelques instants avec acharnement, au milieu d’un cercle formé par l’auditoire et par les membres de la cour d’amour, sans que le trouvère et le chevalier soient blessés ; tous deux agiles et robustes sont exercés au maniement des armes, Le gros Peau-d’Oie, soufflant d’ahan, trémousse son énorme bedaine, suivant de ci, de là, autant qu’il le peut, les évolutions de Mylio, qui tour à tour, avance, recule, se jette à droite ou à gauche. Enfin le trouvère, parant habilement un coup terrible que lui porte Foul-