Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 7.djvu/267

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peut-être m’aguerrirai-je en restant près de toi ; le courage est, dit-on, contagieux, et puis, tu le vois, à l’occasion je peux être bon à quelque chose, rendre un petit service… Je t’en prie, Mylio, laisse-moi te suivre ? Je te l’ai dit, grâce à cet argent que tu m’as généreusement donné, j’achèterai une monture… Tiens ! justement le père de ma mie se déferait presque pour rien d’une vieille mule, non moins têtue que Gueulette, et en partant avec toi, je lui prouverai, à cette tigresse, que je fais fi de ses appas. Ce sera ma vengeance. Or donc, je t’en supplie, mon bon camarade, permets-moi de t’accompagner ?

Mylio. — Soit, mon vieux Peau-d’Oie !… Va donc promptement acheter ta monture ; voici la nuit ; je cours chercher Florette chez la digne femme où je l’ai cachée ; il nous faut au plus tôt quitter Blois, l’abbé Reynier et les amis de Foulques de Bercy pourraient nous inquiéter.

Peau-d’oie. — Qu’ils viennent !… corbœuf ! je me sens déjà valeureux… Loin de craindre les dangers, je les désire, je les appelle ! je les réclame !… Oui, je vous défie, géants, enchanteurs, démons ! osez paraître ! osez ! Mylio, mon redoutable ami, vous pourfendra tous depuis le crâne jusqu’au coccyx ! (Il suit Mylio en se trémoussant, chantant :)

Robin m’aime, Robin m’a,
Robin m’a voulu, il m’aura, etc., etc.