Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 7.djvu/306

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aussi, crions : — À Lavaur ! Et que Lavaur soit le tombeau des croisés catholiques !…




Mylio composa ce chant peu de temps après les massacres de Chasseneuil, de Beziers et de Carcassonne, et il alla le chantant par tout le pays, tandis que l’armée des croisés se dirigeait vers la ville et le château de Lavaur.




Fils de Joel, les scènes suivantes se passent dans une belle villa abandonnée par ses maîtres hérétiques, et située à peu de distance du château de dame Giraude, assiégé par les croisés. Cette maison est occupée par le général de l’armée de la foi, Simon, comte de Montfort, et par sa femme, Alix de Montmorency, qui, depuis peu de temps, est venue rejoindre son époux en Languedoc ; les tentes des seigneurs environnent la demeure du chef de la croisade. Le camp, formé de huttes de terre ou de branchages pour les soldats, s’étend au loin, la foule des serfs échappés des domaines de leurs seigneurs, et attirés par l’espoir du pillage, couchent sur la dure et sans abri. Il fait nuit ; un flambeau de cire éclaire faiblement la salle basse de la villa ; un bon feu brûle dans la cheminée, car la soirée est fraîche. Deux chevaliers s’entretiennent auprès du foyer ; l’un d’eux est Lambert, seigneur de Limoux, qui remplissait à la cour d’amour de Blois, les fonctions de Conservateur des hauts privilèges d’amour ; l’autre est Hugues, seigneur de Lascy, ex-Sénéchal des marjolaines près de la même cour. Bien qu’armé de pied en cap, il porte un bonnet de fourrure qui laisse voir son front ceint d’un bandeau, ce chevalier a été blessé durant le siége de Lavaur.

Hugues de Lascy, s’adressant à son compagnon, qui vient d’entrer dans la salle basse. — Monfort est moins souffrant ; un de ses écuyers qui, tout à l’heure, est sorti de la chambre voisine, m’a dit