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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 7.djvu/324

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digieux, que je suis resté aussi heureux de ta résurrection qu’émerveillé de ton agilité.

Peau-d’oie. — Corbœuf ! on serait agile à moins !

Mylio. — Ainsi, tu avais fait prudemment le mort au commencement de l’attaque ?

Peau-d’oie. — Pardieu ! dès que j’ai entendu ces brutes de croisés des avant-postes crier : Aux armes ! je me suis aussitôt jeté à plat-ventre ! Et voilà comme on récompense l’héroïsme ! car enfin je m’étais dit : « En me plaçant bravement comme un obstacle insurmontable entre l’ennemi et mes compagnons, j’assure leur retraite, puisqu’ils seront entrés dans la ville avant que les croisés aient eu le temps de gravir mon corps… et d’en descendre ».

Mylio. — Ta gaieté revient, tant mieux.

Peau-d’oie, montrant du geste les deux chevaliers qui se rapprochent, après avoir ôté leur casque. — Mylio, il me semble que nous connaissons ces hommes-là ?

Mylio, se retournant. — Que vois-je ? Hugues de Lascy ? Lambert de Limoux ? (S’adressant à eux d’un air sardonique.) Salut au Sénéchal des Marjolaines ! salut au Bailli de la joie des joies ! voilà qui est, mort-Dieu ! d’une hypocrisie infâme ! C’est vous, saints hommes, qui venez extirper l’hérésie en Albigeois ? (S’adressant à Peau-d’Oie.) Te rappelles-tu ce dernier plaid amoureux de la cour d’amour ?

Peau-d’oie. — … De la cour de grandissime puterie et ribauderie, dont ces pieux catholiques étaient les dignes officiers !

Hugues de Lascy, à Lambert. — Entends-tu cette langue de vipère ? Ah ! notre capture est bonne, car depuis que ces deux vils jongleurs ont couru le pays, ces chiens d’hérétiques sont devenus encore plus enragés !

Peau-d’oie, d’un air appitoyé. — Pauvres gens ! ainsi devenus enragés ? Sans doute quelque moine en rut les aura mordus ? N’est-ce pas, seigneur Bailli de la joie des joies ?

Simon de Montfort entre à ce moment, vêtu d’une longue robe