Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/112

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— Et le combat s’engage ! — s’écria Denise en joignant les mains. — Pauvre Mahiet ! ainsi seul contre trois…

— Il était de force à les vaincre. Malheureusement, au début de l’action, l’un des combattants lui assène par derrière un si furieux coup de masse d’armes sur la tête, que le casque de Mahiet est brisé. Il tombe sans connaissance aux pieds de son cheval… et quand il revient à lui, il se trouve demi-nu sur la paille au fond d’un cachot.

— Pauvre Mahiet ! — dit Marguerite. — Ce cachot était sans doute l’une des prisons du château de Beaumont, où l’on avait, après le combat, transporté notre ami dépouillé de ses armes ?

— Oui, chère Marguerite ; et c’est dans ce cachot que Mahiet est resté durant sa longue absence de Paris.

— Hélas ! combien il a du souffrir ! Mais, mon oncle, comment a-t-il pu s’échapper de prison ?

— Le sire de Beaumont, peu de jours après avoir fait emprisonner Mahiet, était parti avec ses hommes pour guerroyer contre les Anglais. A-t-il été tué ou retenu captif lors de cette honteuse déroute de Poitiers ? Mahiet l’ignore ; mais, il y a deux jours, le château du sire de Beaumont a été attaqué et enlevé par la bande d’un certain capitaine Griffith.

— Ce terrible aventurier anglais qui est venu jusqu’à Saint-Cloud, ce jour où nous avons eu tant de frayeur ; car, parti à la tête de la milice, vous l’avez combattu et heureusement refoulé loin de Paris. Grand Dieu ! — ajouta Denise avec effroi, — entre quelles mains le pauvre Mahiet était-il tombé !

— Rassure-toi, chère enfant ; car, par un singulier hasard, notre ami n’a eu qu’à se louer de cet aventurier.

— Quoi ! le capitaine Griffith !

— Cet homme féroce et étrange a parfois quelques mouvements de générosité. Donc, ses Anglais, après avoir, selon leur coutume, mis à sac le château de Beaumont, massacré les hommes, violenté les femmes, ont, dans leur ardeur du pillage, fouillé le manoir jus-