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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/182

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tifs, — reprend la belle Gloriande ; — j’ordonne qu’ils soient délivrés de leurs chaînes… et qu’on leur fasse largesse ! Le jour de mon mariage doit être pour tous un jour de liesse… — Puis, tendant sa main à Conrad qui met un genou en terre devant sa fiancée : — Voici ma main, sire de Nointel ; je ne saurais la donner à un plus preux chevalier.

— Heureux jours aux deux époux ! — crie l’assemblée, — gloire et bonheur à Gloriande de Chivry et à Conrad de Nointel ! !

Pendant que la brillante compagnie témoigne ainsi de la part qu’elle prend à la félicité des deux futurs époux, le sire de Chivry, s’approchant du chevalier de Chaumontel, lui dit à demi-voix en regardant les prisonniers anglais :

— Gérard, quelle diable d’espèce d’Anglais est donc celle-là ?… ils sont noirs comme des taupes !

— Messire comte, — répond gravement le chevalier, — ces coquins sont de la tribu anglaise des Ratamorphrydich !

— Hein ! — dit le vieux seigneur stupéfait de ce nom barbare ; — tu dis de la tribu des…


— Des Ratamorphrydich ! — reprend sans sourciller le chevalier. — C’est une des tribus les plus féroces du nord de l’Angleterre, on la croit issue d’une colonie gyptiaque ou même syriaque ! venue des déserts de Moscovie, aux rivages d’Albion, sur des chevaux marins !… Et voilà pourquoi, messire, ces coquins sont si noirs !

— Ah ! très-bien, — repart le vieux seigneur abasourdi de la science géographique du chevalier. — Je m’explique, maintenant, la couleur foncée du teint de ces captifs.

La cloche de la chapelle du château de Chivry ayant en ce moment tinté, le sire de Chivry dit au chevalier : — Voici le premier coup de la messe de mariage. Ah ! Gérard, c’est un beau jour pour mes vieux ans que celui-ci… doublement beau, car il luit en de tristes temps !

— Messire, de quoi vous plaignez-vous ? Conrad vous revient cou-