Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/219

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— C’est subtil… mais prends garde, les instants sont précieux, ton message est sans doute important… sa réussite peut être compromise par ton silence prolongé.

— Sire, je venais à vous, sinon en ami, du moins en allié, vous me traitez en ennemi, vous n’aurez pas un mot de moi ; maître Marcel me saura gré de ma réserve…

— Soit… — dit Charles-le-Mauvais ; et il frappe sur un timbre. À ce bruit, son écuyer rentre, le prince lui dit : — Que l’on reconduise cet homme hors de la ville, et que les portes soient refermées sur lui.

Mahiet fait un mouvement, réfléchit ; et, après quelque hésitation, il reprend : — Donc, je parlerai, si outrageant que soit votre accueil envers un envoyé de Marcel.

L’écuyer sort de nouveau à un signe du roi de Navarre, et celui-ci dit à Mahiet : — Parle… quel est ton message ?

— Maître Marcel m’a chargé de vous signifier, sire, qu’il est temps, plus que temps pour vous, d’ouvrir la campagne ; l’armée du régent marche sur Paris, tous les vassaux sont soulevés en armes ; de nombreuses troupes de Jacques, comme ils s’appellent en souvenir du nom insultant que leur donnait la seigneurie, doivent être en marche sur Clermont pour se joindre à vous… Je suis même surpris de ne pas trouver les Jacques ici…

— Par quelle porte es-tu entré dans Clermont ?

— Par la porte du chemin de Paris. Il faisait encore nuit lorsque je suis arrivé dans cette ville et que je vous ai dépêché l’un des archers qui m’ont arrêté.

— Pendant que tu attendais ma réponse, tu n’as causé avec aucun soldat ?

— Non ; l’on m’a laissé seul et enfermé dans l’une des tourelles du rempart.

— Continue…

— Maître Marcel veut connaître quel sera votre plan de campagne