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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/253

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mari ; je verrais avec un double plaisir vous et Rufin, Denise et Mahiet, aller à l’autel le même jour.

— Oh ! oh ! ceci demande réflexion, — répondit Alison d’un air méditatif ; — ceci demande beaucoup de réflexion, maître Marcel… Du reste, — ajouta-t-elle souriant et rougissant, — je ne dis ni oui, ni non…

— Bonne chance pour Rufin, — reprit en riant le prévôt des marchands : — femme qui ne dit pas non a grande envie de dire oui.

— Marcel ne conserverait pas tant de liberté d’esprit s’il se croyait lui et ses partisans à la veille d’un grand danger, — pensait Marguerite de plus en plus rassurée par la douce gaieté de son mari. — Je me serai exagéré l’importance de ce que j’ai entendu dire ce soir ; mon mari a raison : même au plus fort de sa popularité, la calomnie le poursuivait ; Maillart peut à la fois céder à l’envie et à un sentiment généreux né d’une ancienne amitié. Croire la popularité de Marcel perdue, s’en réjouir, et cependant vouloir le sauver ; cette méchante Pétronille a envenimé une offre honorable en soi, sinon Maillart serait le plus exécrable des hommes, je ne puis le croire : une pareille perversité dépasserait les limites du possible…

— Denise, — dit le prévôt des marchands à sa nièce en la baisant au front, — fais porter une lampe dans mon cabinet, j’ai quelques papiers à prendre. — Et s’adressant à sa femme, qu’il baisa aussi au front : — Je reviendrai tout à l’heure te dire adieu… Viens avec moi, Mahiet.

Denise s’empressa de porter une lampe dans le cabinet de Marcel, où il resta seul avec l’Avocat d’armes.




Marcel, resté seul dans son cabinet avec Mahiet, devint pensif ; à la riante sérénité dont ses traits avaient été empreints durant son entretien avec Marguerite, succéda une expression de gravité mélan-