En une semaine la vierge guerrière, inspirée par le saint amour de la patrie, a vaincu les Anglais, triomphants depuis la bataille de Poitiers ! En une semaine la vaillante fille du peuple accomplit ce que n’avaient pu accomplir, depuis plus d’un demi-siècle, tant de nobles et illustres capitaines ! Voici, fils de Joel, voici, jour par jour, le récit de la semaine de Jeanne Darc :
La nuit est venue, tiède nuit printanière, mais l’on se croirait en plein jour dans la rue qui conduit à la porte Banier, l’une des portes d’Orléans. Toutes les fenêtres, où se pressent les habitants, sont garnies de lumières ; à ces vives clartés se joignent les lueurs des torches dont se sont munis un grand nombre de bourgeois et d’artisans armés, formant une double haie dans toute la longueur de la voie publique, afin de contenir la foule. Le courage de ces soldats citadins a été rudement éprouvé par les périls du siége, que, seuls pendant longtemps, ils ont soutenu, se refusant à admettre dans leur cité les compagnies des chefs de guerre, composées de soudards insolents, voleurs et féroces ; mais la bourgeoisie d’Orléans, après maints efforts de bravoure, voyant son nombre diminuer de jour en jour sous les coups des assiégeants, s’était vue forcée d’accepter et