Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 9.djvu/18

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— Qu’est-ce que c’était donc que ces belles feuilles d’or, marraine ? Les anges ou les saintes les avaient donc données à la grand’mère d’Alain ?

Sybille secoua négativement la tête et continua sa légende.

« — Lorsqu’à minuit le coq a chanté, le cheval noir d’Alain l’attendait à la porte.

» — Ne crains rien, cher petit-fils, Merlin ne s’éveillera pas ; tu as mes douze feuilles d’or… Va vite.

» Le coq n’avait pas fini de chanter, que le poulain noir galopait sur le chemin… Le coq n’avait pas fini de chanter, que l’anneau de Merlin était enlevé… »

— Et cette fois, Alain a épousé la fille du roi, marraine ?

— Pas encore.

— Quoi ! pas encore ?

— Non.

Et Sybille poursuivit ainsi :

« — Le matin, au point du jour, Alain était près du roi, lui présentant l’anneau de Merlin. — Le roi, tout stupéfait, et tous ceux qui étaient là, disaient :

» — Voilà pourtant que ce jeune paysan a gagné la fille de notre sire !

» — C’est vrai, — dit le roi à Alain. — Mais je te demande une chose, — ce sera la dernière ; — si tu fais cela, tu auras ma fille et, de plus, tout le royaume de Léon.

» — Que faut-il faire, sire ?

» — Amener Merlin à la cour pour célébrer ton mariage avec ma fille… »

— Mon Dieu ! — dit la bergerette, s’émerveillant davantage encore, — comment cela va-t-il finir ?

« — Pendant qu’Alain était au palais, sa grand’mère voit passer Merlin devant sa maison.