Telle fut, fils de Joel, la semaine de Jeanne Darc. Ces premiers combats préludèrent à d’autres victoires plus héroïques encore, remportées sur des Anglais par la paysanne de Domrémy. Mais, hélas ! son secret martyre allait de jour en jour croissant comme sa gloire. Charles VII, ce prince couard et ingrat, cet énervé, plongé dans une ignoble mollesse, devait faire subir à Jeanne toutes les tortures, toutes les cruelles déceptions, dont peut souffrir une âme enflammée du plus saint patriotisme, lorsqu’elle s’est vaillamment, loyalement dévouée à une âme dont la bassesse égale l’égoïsme et la lâcheté.
Le siège d’Orléans levé, Jeanne court au château de Loches, précédée du retentissement de ses triomphes ; les portes du palais s’ouvrent devant elle, le roi, lui dit-on, est enfermé dans sa chambre de retraite avec son conseil ; la guerrière savait de reste ce que valait le conseil et les conseillers : La Trémouille et l’évêque de Chartres. Elle frappe à la porte du déduit royal, entre et dit résolûment à Charles VII :
— Sire, ne tenez pas de si longs conseils avec messeigneurs, le siège d’Orléans est levé ; cette bonne ville vous est rendue, il faut venir hardiment vous faire sacrer à Reims, ce sacre vous couronnera véritablement roi de France aux yeux des Français, et les Anglais ne pourront plus rien contre vous[1]…
- ↑ Procès de révision, t. II, p. 480.