Le greffier vient de communiquer au tribunal ecclésiastique la minute des dernières réponses de Jeanne Darc.
l’évêque cauchon. — Mes très-chers frères, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit…
tous les juges, d’une seule voix. — Amen !
l’évêque cauchon. — Mes très-chers frères, nous, Pierre, évêque de Beauvais, par la miséricorde divine, vu l’opiniâtre endurcissement de ladite Jeanne, vu la pestilence hérétique dont ses réponses sont empoisonnées, nous vous consultons, mes très-chers frères, sur le point de savoir s’il est urgent et expédient, ainsi que nous le pensons nous-même, de mettre ladite Jeanne à la torture, afin d’obtenir d’elle des réponses ou des aveux qui puissent sauver sa pauvre âme des flammes éternelles et son corps des flammes temporelles ? Veuillez opiner par ordre de préséance.
nicolas de vanderesse. — Il ne me paraît point, quant à présent, opportun de soumettre ladite Jeanne à la torture.
andré marguerie. — Je trouve la torture superflue ; les réponses de l’accusée suffisent à la condamner.
guillaume érard. — Il n’est pas besoin, en effet, d’obtenir de la dite Jeanne de nouveaux aveux ; ceux qu’elle a faits appellent le châtiment temporel.
robert barbier. — Je partage l’avis de mon très-cher frère.
denis gastinel. — Je pense qu’il faut surseoir à la torture.
aubert morel. — Selon moi, il faut immédiatement appliquer ladite Jeanne à la torture, afin de savoir si les erreurs où elle persiste sont sincères ou mensongères.
thomas de courcelles. — J’opine qu’il est bon de mettre à la torture ladite Jeanne.
nicolas coupequesne. — Je ne crois pas expédient de soumettre Jeanne aux tortures de son corps ; mais on doit l’admonester une dernière fois, afin de l’obliger à se soumettre à l’Église militante.
jean ledoux. — C’est mon avis.