et douce mère l’Église, et que, remplie d’une contrition sincère, d’une foi non feinte, tu as fait publiquement et à haute voix l’abjuration de tes erreurs criminelles et hérésiarques, nous te relevons présentement du châtiment de l’excommunication et de ses suites, à la condition expresse que tu reviens sincèrement à notre sainte et miséricordieuse Église ; et désirant charitablement t’aider à faire ton salut par la pénitence, nous te condamnons, toi, Jeanne, dite la Pucelle, à une prison perpétuelle, où tu auras pour nourriture le pain de la douleur ! pour breuvage l’eau de l’angoisse ! à seule fin que, pleurant durant ta vie entière tes monstrueux péchés, tu ne les commettes plus ! Telle est ta condamnation finale et définitive… Et maintenant, tu vois combien pour toi l’Église de Notre Seigneur se montre tendre mère… Abjure, abandonne, déplore donc à jamais tes coupables erreurs ! renonce pour toujours à tes habits d’homme, honte de ton sexe ! sinon, si tu retombais dans ce péché mortel d’idolâtrie ou dans d’autres, l’Église, avec une douleur profonde et maternelle, te retrancherait cette fois pour jamais de son corps, et te livrerait au bras séculier, qui te jetterait dans les flammes du bûcher comme un membre infect, gangrené d’une incurable pourriture !… Amen ! »
La foule, et surtout les soldats anglais, accueillent ce miséricordieux jugement par des clameurs menaçantes ; le populaire fait un mouvement pour forcer la porte du cimetière, gardée par une escorte d’archers. Ceux-ci, non moins exaspérés, sont sur le point de se joindre aux mécontents, afin d’assaillir le tribunal ; mais ils sont à grand’peine contenus par leurs chefs. Le comte de Warwick monte précipitamment les degrés de l’échafaud, et, s’adressant à l’évêque d’un ton courroucé : — Évêque, cette comédie a-t-elle assez duré ? nous ne répondons plus du courroux de nos soldats et de l’indignation populaire si, malgré son abjuration, cette sorcière n’est pas brûlée sur l’heure !
L’évêque Cauchon ne peut réprimer un geste d’impatience ; il