Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 9.djvu/336

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le chanoine Loyseleur parut frappé d’une idée subite, me supplia de l’attendre le soir même dans mon hôtellerie. Jamais il ne pourrait réparer, expier son crime, — me dit-il ; mais il me donnerait le moyen de flétrir à jamais les bourreaux de la victime, à commencer par lui.

Le soir même il revint, m’apportant une liasse de parchemins contenant :

« — La confession générale de Jeanne Darc, transcrite par lui le jour même où il l’avait entendue, et où cette grande âme s’était montrée à lui dans son héroïque simplicité.

» — Des notes qu’il avait prises et conservées à la suite de son entretien avec l’émissaire de Georges de La Trémouille, et où se trouvait dévoilée la trame ourdie contre Jeanne par les gens de cour, les gens de guerre et les gens d’Église avant la première entrevue de l’héroïne et de Charles VII.

» — La copie d’une chronique contemporaine intitulée : Journal du siége d’Orléans, et une autre écrite par Perceval de Cagny, écuyer du duc d’Alençon, qui n’avait pas quitté Jeanne depuis le siège d’Orléans jusqu’après le siège de Paris. Ces copies manuscrites faisaient partie des documents réunis par l’évêque Pierre Cauchon pour l’instruction du procès.

» — L’une des minutes de ce procès, où se trouvaient relatés avec détails la tenue des audiences, l’interrogatoire et les réponses de l’accusée.

» — Enfin, un aveu complet et écrit des abominables machinations employées par lui, Loyseleur, de concert avec l’évêque Cauchon, pour capter la confiance de Jeanne dans sa prison, ainsi que le projet arrêté entre eux dans un long entretien avant le commencement du procès. »

Ces matériaux m’étaient donnés par le chanoine dans l’espoir de me mettre à même de réhabiliter un jour la mémoire de Jeanne Darc ; quant à lui, il le sentait, poursuivi par d’effroyables remords, il