Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 7.djvu/290

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souillés de luxure, viennent ici massacrer les gens au nom du Sauveur du monde ! Pouah ! pouah ! ces moines, ils puent la crasse, le rut et le sang !

Mylio. — Bien ! bien ! mon vieux Peau-d’Oie ! mets dans tes vers l’indignation de ton âme, et ta chanson vaudra mille guerriers pour la défense du Languedoc. (À Florette.) Ton excellent bon sens t’a, comme toujours, servi, douce enfant ; ton cœur droit et naïf s’est justement révolté de ce qu’il y a d’horrible dans l’hypocrisie de ces prêtres orgueilleux, cupides et débauchés, menaçant d’exterminer le pays en invoquant Jésus, ce Dieu d’amour et de pardon… (À Morise et à Karvel.) Du moins je vous reviens au jour du danger ; si mon amour pour Florette m’a inspiré le dégoût de ma vie stérile et licencieuse, votre souvenir à vous, Morise, à toi, mon frère, m’a ramené ici. Oui, j’ai voulu que mon mariage avec celle qui sera la compagne de ma vie fût consacré par ta présence et par celle de ta femme ; me marier sous vos auspices, n’est-ce pas m’engager à imiter votre exemple ?

Karvel, profondément ému, prend les mains de Florette et de Mylio, les joint dans les siennes, et dit d’une voix attendrie. — Demain, votre mariage sera inscrit sur le livre des magistrats de la cité. Mylio, mon frère, Florette, ma sœur, vous que les liens mystérieux du cœur unissent déjà, j’en prends à témoin la pensée de votre âme et les paroles de vos lèvres, soyez pour toujours l’un à l’autre ! désormais jouissez des mêmes joies, souffrez des mêmes peines, consolez-vous en une même espérance, partagez-vous enfin le labeur quotidien qui assurera dignement votre pain de chaque jour. Si, plus heureux que Morise et moi, vous revivez dans vos enfants, appliquez-vous, par vos leçons, par vos exemples, à développer leur bonté originelle. Élevez-les dans l’amour du travail, du juste et du bien ; que, fidèles à la morale du Christ, l’un des plus grands sages de l’humanité, ils soient indulgents envers celui que l’ignorance, l’abandon ou la misère a jeté dans une voie mauvaise ; qu’ils aient