Page:Sue - Les misères des enfants trouvés II (1850).djvu/291

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Après un long silence, des pas traînants se firent entendre derrière la porte, et une voix me dit :

— Qui est là ?

— Est-ce ici le numéro 1 de l’impasse du Renard ?

— En face… imbécile !… c’est ici le numéro 2, — me répondit la voix en grommelant.

Je traversai l’impasse, et j’allai heurter à la porte d’une maison qui me parut un peu moins délabrée que l’autre. Les deux fenêtres du rez-de-chaussée étaient garnies de volets à travers les fentes desquels j’aperçus de la lumière. Quoique j’eusse frappé deux fois, l’on ne m’ouvrait pas, mais il me semblait qu’on allait et venait précipitamment dans l’intérieur de la maison, et même arrivèrent à mon oreille ces mots souvent répétés :

— Dépêchez-vous donc… dépêchez-vous donc.

Impatienté, je frappai de nouveau et plus bruyamment ; enfin, une des fenêtres du rez-de-chaussée s’ouvrit derrière les volets, on entrebâilla un peu ceux-ci, et une voix enrouée me demanda :

— Qui est là ?

— Est-ce ici le numéro 1 de l’impasse du Renard ?

— Oui.

— Le capitaine Hector Bambochio est-il chez lui ?

— Vous dites ?

— Le capitaine Hector Bambochio ?

— Il n’y a pas de ça ici… — me répondit la voix, et les volets furent brusquement fermés.

— Voilà ce que je redoutais, — me dis-je avec désespoir. — J’ai perdu les traces de Bamboche. Que faire, mon Dieu |que faire ?…

Les volets s’étaient refermés, mais la fenêtre était restée ouverte derrière eux. J’entendis plusieurs voix chuchoter dans l’intérieur du logis ; j’allais m’éloigner, je restai un moment encore ; bien m’en prit, le volet s’écarta de nouveau, et la même voix enrouée me dit :

— Eh ! l’homme ? Êtes-vous là ?

— Oui, que me voulez-vous ?

— Il n’y a pas ici de capitaine… de capitaine ?… — comment dites-vous ?