Page:Sue - Les misères des enfants trouvés II (1850).djvu/292

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— Hector Bambochio.

— C’est ça… il n’y en a pas ici… mais on pourrait connaître un nommé Bamboche.

— C’est lui que je cherche, — m’écriai-je en renaissant à l’espoir, — c’est son vrai nom ; mais il se fait appeler le capitaine Hector Bambochio… je ne sais pourquoi.

— Ah ! vous ne savez pas pourquoi il se fait appeler ainsi ? — reprit la voix avec défiance.

Et les chuchotements derrière le volet recommencèrent, puis, après quelques instants, la voix ajouta :

— Avez-vous un mot de passe ?

— Un mot de passe ? qu’est-que cela signifie ?

— Rien… histoire de rire… Bonsoir, — dit la voix en ricanant.

Et le maudit volet se referma.

Ne voulant pas renoncer ainsi au seul, au dernier espoir qui me restât, je frappai de nouveau au volet en m’écriant :

— Monsieur… je vous en supplie, écoutez-moi ; je suis un ami d’enfance de Bamboche. Il y a huit ans que nous ne nous sommes vus. J’arrive aujourd’hui-même à Paris, où je viens pour la première fois… Pour vous prouver que je connais bien Bamboche, et qu’il n’a pas de meilleur ami que moi… il a ces mots tatoués sur la poitrine : Amitié fraternelle à Martin. Et Martin… c’est moi.

Sans doute la sincérité de mon accent et les particularités que je citais dissipèrent en partie les soupçons des habitants de la maison, car, après un nouveau conciliabule derrière les volets, la voix me dit :

— Savez-vous où est le cabaret des Trois-Tonneaux ?

— J’arrive à Paris aujourd’hui… Je vous l’ai dit. Je ne connais pas ce cabaret.

— À la barrière de la Chopinette, on vous l’enseignera… Les Trois-Tonneaux… ce n’est pas loin… De onze heures à minuit, vous y trouverez Bamboche ; il y va tous les soirs…

— Bamboche ne demeure donc pas ici ?

— Bonsoir…

Et la fenêtre se referma cette fois pour ne plus se rouvrir derrière