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Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/11

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L’homme dont nous parlons, en entrant dans la rue aux Fèves, située au centre de la Cité, ralentit beaucoup sa marche : il se sentait sur son terrain.

La nuit était profonde, l’eau tombait à torrents, de fortes rafales de vent et de pluie fouettaient les murailles.

Dix heures sonnaient dans le lointain à l’horloge du Palais-de-Justice.

Des femmes embusquées sous des porches voûtés, obscurs, profonds comme des cavernes, chantaient à demi-voix quelques refrains populaires.

Une de ces créatures était sans doute connue de l’homme dont nous parlons ; car, s’arrêtant brusquement devant elle, il la saisit par le bras.

La malheureuse recula en disant d’une voix craintive :

— Bonsoir, Chourineur[1].

Cet homme, repris de justice, avait été ainsi surnommé au bagne.

  1. Bonsoir, donneur de coups de couteau. (Nous n’abuserons pas long-temps de cet affreux langage d’argot, nous en donnerons seulement quelques spécimens caractéristiques.)